vendredi 7 juin 2013

Doch' kuptsa Bashkirova 1913

La Fille du marchand Bashkirov
Un film de Nikolai Larin

Au bord de la Volga, la fille du marchand Bashkirov est amoureuse d'un employé de son père. Mais, ce dernier souhaite la marier à un vieil homme. Surprise par l'arrivée inopinée de son père, elle cache son amoureux sous les édredons de son lit. Le malheureux meurt étouffé...

On ne connait que très peu de chose sur ce film. On ne sait rien sur le réalisateur Nikolai Larin qui travaillait pour une petite société de production, Volga Co, et le nom des acteurs reste un mystère. Par contre, on sait que le producteur Grigori Libken avait sciemment utilisé une histoire vraie pour pouvoir éventuellement faire chanter la famille Bashkirov. Le résultat est étonnant et prouve que le cinéma de 1913 était déjà professionnel, même dans les coins les plus reculés de la Russie. Bien qu'il manque 2 bobines et que les intertitres n'aient pas été retrouvés, la narration reste totalement compréhensible. Le film suit les événements tragiques qui s'enchaînent et accablent la fille du marchand Bashkirov. Elle aime l'employé de son père, mais le malheureux meurt accidentellement. Alors sa servante va chercher un paysan pour se débarrasser du corps discrètement. Mais, celui-ci va se transformer en maître-chanteur, demandant toujours plus d'argent, puis va même la violer en échange de son silence. La jeune fille se vengera en mettant le feu à la taverne où il est endormi ivre mort. Fidèle à leur tradition littéraire, les russes ne cherchent pas à enjoliver la réalité comme le feraient les Américains à la même époque. Et, le film se termine par une vengeance sans chercher à sauver la morale. Le film a des points communs avec le premier film d'Evgeni Bauer, Sumerki zhenskoi dushi (1913) où l'héroïne se venge elle aussi de son violeur en le tuant. Si vous êtes intéressé par ce film de Nikolai Larin, il est disponible chez Milestone Films dans leur magnifique collection de films muets russes de la période pré-révolutionnaire.

lundi 3 juin 2013

They Call It Sin 1932

Un film de Thornton Freeland avec Loretta Young, Una Merkel, David Manners, Louis Calhern et George Brent

Jimmy Decker (D. Manners), envoyé par son patron dans un coin perdu du Kansas, y rencontre Marion Cullen (L. Young) qui est l'organiste de l'église. Il tombe amoureux d'elle alors qu'il est déjà fiancé. Marion, rejetée ses parents, part le rejoindre à New York...

Ce délicieux Pre-code offre une intrigue extrêmement riche pour ses 69 minutes. Certes, il y a de sérieuses invraisemblances, surtout vers la fin. Cependant, le film offre un curieux mélange de légèreté comique - avec en particulier une Una Merkel très verve - et de tragique qui fonctionne grâce à cette rapidité. Loretta Young y joue une jeune fille, Marion, issue d'une famille pieuse du Kansas qui voudrait devenir compositrice. Mais, sa destiné prend un tour tout à fait différent grâce à sa rencontre avec Jimmy (le très séduisant David Manners) qui s'ennuie mortellement dans ce trou perdu. Il n'hésite pas flirter avec la jeune fille, alors qu'il est lui-même déjà pratiquement marié. C'est alors - premier coup de théâtre - que Marion apprend qu'elle a été adoptée ! Puis, elle part pour New York persuadée d'y retrouver Jimmy qui s'est bien gardé de lui dire qu'il n'était pas libre. Elle l'apprend rapidement et décide de gagner sa vie. Grâce à la rouée Dixie Dare (quel nom formidable pour Una Merkel !), elle est embauchée comme pianiste par le producteur Ford Humphries (Louis Calhern) qui songe bien à la mettre dans son lit. Marion est dans une situation bien compliquée: elle doit résister aux avances de son patron tout en conservant son boulot, repousser Jimmy qui est marié et écouter les déclarations enflammées du Dr Travers (George Brent). Comme tout cela ne se prend pas trop au sérieux, on peut déguster l'intrigue qui est mise en valeur par des contre-plongées tout à fait inattendues et intéressantes dans un film de série. Grâce au casting grand luxe du film, on ne s'ennuit pas une minute avec en prime des seconds rôles formidables comme Elizabeth Patterson ou Bert Roach.

samedi 1 juin 2013

Albert Capellani - Cinéaste du romanesque (V)

Une nouvelle critique de mon livre vient de paraître dans le numéro de Positif du mois de juin 2013:
La critique ci-dessus me donne envie de réagir. Ma démonstration selon laquelle Albert Capellani ne travaillait pas avec Antoine serait « fragile ». Je suis vraiment étonnée de lire un tel qualificatif surtout lorsque la démonstration en question est soutenue par des recensements, des listes électorales, un dossier militaire, la correspondance d’André Antoine, l’interview d’un contemporain et d’autres documents de la BnF. Je crois avoir connu des assertions plus fragiles, comme celles de Charles Ford, qui ne fournit aucune preuve et aucune référence et que l’auteur de cette critique a reprises – sans vérifications – dans son récent documentaire sur Albert Capellani.