mercredi 27 octobre 2010

Tih Minh 1918

Un film en douze épisodes de Louis Feuillade avec René Cresté, Edouard Mathé, Mary Harald, Gaston Michel, Louis Lebas, George Biscot et Jane Rolette

L'explorateur Jacques d'Athys (R. Cresté) revient d'un voyage avec une jeune annamite, Tih Minh (M. Harald). Mais, à son arrivée sur la côte d'azur, il est épié par trois mystérieux criminels, Kistna (L. Lebas), Gilson (G. Michel) et Dolorès (G. Faraboni)...
Ce serial de Louis Feuillade a été tourné à la même époque que Vendémiaire avec une distribution similaire. Les deux films reflètent leur époque en évoquant les espions allemands infiltrés sur le territoire français. Mais, à part cela, les deux films sont totalement différents. Tih Minh est un suspense criminel dans la lignée de Judex et des Vampires où l'on retrouve un groupe de criminels aguerris qui utilisent tous les moyens pour arriver à leurs fins : séquestrations, enlèvements, empoisonnement, vol et meurtres. L'héroïne du film, Tih Minh, interprétée avec talent par l'anglaise Mary Harald, est une eurasienne qui a suivi Jacques d'Athys en Europe où elle devient la proie des criminels. Elle est enlevée par Kistna et sa bande qui lui font prendre une drogue violente. Elle perd la mémoire et la raison. Le début du film se situe à la Villa Circé qui porte bien son nom. Des femmes en chemise de nuit sont enfermées au sous-sol de la villa et semblent avoir subi le même traitement que Tih Minh. Pour lutter contre l'organisation criminelle, qui veut s'emparer d'un document codé que possède Jacques d'Athys, l'explorateur d'Athys (R. Cresté) et son ami le diplomate Sir Francis Grey (E. Mathé) reçoivent le renfort d'un médecin aliéniste. Nos héros n'utilisent même pas la police pour les aider dans leur lutte. Après tout, c'est la guerre et les citoyens doivent se débrouiller pour lutter contre les espions ennemis. Le film comprend de grands morceaux de bravoure (il faut saluer le courage des acteurs!) avec des escalades de façade et une descente vertigineuse en wagonnet pendu à un câble. Mais, ce qui retient l'attention, comme dans Les Vampires, ce sont les éléments oniriques tels que cette vision des femmes demi-folles qui errent dans le jardin de la Villa Circé. L'héroïne vient des lointaines colonies d'Indochine et apporte une touche d'exotisme au milieu des aloès géants des villas majestueuses sur la côte d'azur. D'ailleurs, Feuillade utilise au mieux les décors naturels (près de Nice) comme il l'avait fait pour Paris dans Fantômas. Les à-pic du bord de côte sont le prétexte à des glissades vertigineuses et les petites routes escarpées à des poursuites en automobiles. Comme toujours, Feuillade apporte une touche d'humour avec les domestiques, Placide (G. Biscot) et Rosette (J. Rolette) qui manient revolver et intelligence en aidant leurs patrons dans leur lutte. René Cresté, tout auréolé de son succès dans Judex, apporte son charme et sa haute silhouette au personnage de d'Athys. Il mourra en 1922 à l'âge de 41 ans, déjà oublié par le public. Mais, les acteurs de Feuillade restent immortels : ils sont naturels, dépourvus de théâtralité et campent leurs personnages avec un engagement sans limite. Encore un merveilleux serial qui mériterait une édition en DVD.

1 commentaire:

Xavier a dit…

Le naturel et la modernité du jeu des acteurs "feuilladiens" - les seconds rôles en particulier - sont effectivement tout à fait remarquables.