samedi 27 décembre 2014

Rouletabille chez les Bohémiens 1922 (II)

Un film en 10 épisodes d'Henri Fescourt avec Gabriel de Gravone, Romuald Joubé, Edith Jéhanne, Joë Hamman, Jean Dehelly et Suzanne Talba

Episodes 4 à 6
Rouletabille (G. de Gravone) part à la recherche d'Odette (E. Jéhanne) qui a été enlevée par les Bohémiens en partance pour leur sanctuaire de Sever-Turn en Europe Centrale. De son côté, Hubert (J. Hamman) est lui aussi sur ses traces...

Rouletabille (G. de Gravone)
face à un masque mystérieux chez Hubert
Les trois épisodes suivants mettent en valeur le jeune Rouletabille, espiègle et malicieux, qui n'hésite pas à donner de sa personne dans ses enquêtes. Il est jeté d'un train en marche par Andrea (R. Joubé) et Callista (S. Talba). Il utilise aussi divers déguisements, souvent cocasses, pour tenter de passer inaperçu. Il a finalement recours au travestissement pour amadouer son concurrent Hubert. Dans le rôle de ce dernier, Joë Hamman montre ses talents de cavalier et de cascadeur en attrapant un train en marche à dos de cheval. Cependant, les acrobaties et les retournements de situation ne sont pas aussi soutenus qu'on aurait pu l'espérer. Fescourt introduit un humour bienvenu avec un Gabriel de Gravone très à l'aise en détective, mais il n'a pas toujours un scénario à la hauteur. L'intrigue patine quelque peu et le rythme s'en ressent. La qualité de la copie n'est malheureusement pas optimale; elle est teintée, mais elle manque de netteté et de définition. Certaines séquences qui devaient avoir une réelle atmosphère, telle que la danse nocturnes des Bohémiens autour d'un feu, en souffrent. Sinon, on peut reconnaître à Fescourt une réelle intelligence dans le choix de ses interprètes. Edith Jéhanne, avec son allure féline et ses yeux en amande, est une Odette parfaite, à la foie ingénue et mystérieuse. De Gravone, que j'ai vu tant de fois dans des rôles dramatiques comme Marius dans Les Misérables (1913) ou Frédéric dans L'Arlésienne (1922), est bien plus à l'aise dans le registre comique. Quant à Joë Hamman, c'est une figure à part dans le cinéma français des années 1920. Sa haute silhouette mince et athlétique suggère plus les héros américains du grand écran et cela donne un relief particulier à son personnage. Romuald Joubé, qui fut l'interprète de Gance, d'Antoine et de Raymond Bernard, est ici plus en retrait en Bohémien tourmenté et un peu frustre, mais parfaitement crédible. Il n'y a maintenant plus qu'à espérer que l'intrigue retrouve un peu de tonus pour les quatre derniers épisodes. Selon Fescourt, Gaston Leroux se serait inspiré de légendes tziganes pour l'écriture de son feuilleton. Il y a effectivement un potentiel intéressant dans cette histoire de prophétie dans le livre saint des Bohémiens annonçant l'arrivée d'une "nouvelle reine" qui se trouve incarnée en Odette par une curieuse coincidence. Pourtant, cet élément prophétique à la limite du surnaturel n'est guère exploité jusqu'à présent. A suivre!

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