dimanche 14 octobre 2012

Shooting Stars 1928

Donald Calthrop
Un film d'Anthony Asquith et A.V. Bramble avec Annette Benson, Brian Aherne et Donald Calthrop

Mae Feather (A. Benson) et Julian Gordon (B. Aherne) sont mari et femme à l'écran et dans la vie. Ils tournent un western en studios, mais Mae a un amant en la personne du comique Andy Wilks (D. Calthrop). Elle voudrait quitter Julian pour suivre Wilks à Hollywood...

Mae Feather (A. Benson)
Avec cette étourdissant petit chef d'oeuvre, Anthony Asquith fait ses débuts comme metteur en scène, bien qu'il ne soit pas crédité à l'écran. Il nous fait découvrir l'envers du décor dans un studio britannique. On tourne simultanément un western et une comédie burlesque. Le couple vedette du western se révèle dans la vie bien plus désuni qu'il n'y paraît. Mae entretient, en cachette, une relation avec la star comique du studio. Mais, étant attachée par un contrat avec une clause de moralité, elle ne peut pas divorcer ou se séparer de Julian facilement. Elle échafaude un plan machiavélique pour se débarrasser de son époux. Avant le tournage d'une scène, elle échange une cartouche à blanc pour une cartouche réelle. Mais, son plan ne va du tout se dérouler comme prévu. Le spectateur attend terrifié le tournage de la scène en question. Même Mae commence à regretter son geste et joue son rôle soudain avec une vérité dramatique qui surprend le réalisateur. Et c'est dans ces moments où les personnages sont confrontés à leurs erreurs et leurs sentiments que Asquith montre son extraordinaire qualité de directeur d'acteur. Nous voyons dans le regard de Julian (excellent Brian Aherne) qu'il a compris ce que Mae préparait. Et la catastrophe finale est amené brillamment. La balle destinée à Julian va frapper Wilks alors qu'il tourne une séquence burlesque perché sur un lustre qui se balance. Asquith utilise toutes les ressources de la caméra subjective pour nous faire ressentir la chute soudaine de Wilks. Tous les éléments du suspense et de l'engrenage infernal qui vont amené le geste de Mae sont dosés avec un soin méticuleux. De même sa relation avec Wilks et comment Julian les surprend en train de s'embrasser. Au final, Mae a tout perdu: son amant et son époux qui la rejette. Des années plus tard, alors qu'il est devenu un réalisateur célèbre, elle n'est plus qu'une figurante inconnue qui s'éloigne telle une ombre dans un studio vide. Dès ce tout premier film, on voit que Asquith est déjà un maître de la direction d'acteur et son sens visuel et dramatique est de tout premier ordre. Espérons que le BFI sortira ce petit chef d'oeuvre un jour en DVD.

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