mercredi 13 juin 2012

Surrender! 1927

L'Otage
Un film d'Edward Sloman avec Mary Philbin, Ivan Mosjoukine et Nigel de Brulier

En 1914, en Galicie, aux confins de l'Empire Austro-Hongrois. Lea Lyon (M. Philbin) la fille du rabbin (N. de Brulier) croise le chemin de Constantine (I. Mosjoukine), un prince Cosaque. Peu après, la guerre est déclanchée et le village est envahi par l'armée russe. Constantine demande que Lea vienne se livrer à lui ou le village sera brulé...

Lea Lyon (M. Philbin) et Constantine (I. Mosjoukine)
Lorsqu'Ivan Mosjoukine quitte la France auréolé de gloire après une incroyable série de grands films à succès, il n'imaginait probablement pas que sa carrière allait marquer le pas au sein du système Hollywoodien. Attiré à Hollywood par un contrat au sein de la Universal, il s'est retrouvé dans une production d'Edward Sloman tirée d'une pièce à succès Lea Lyon d'Alexander Brody. Suite au succès de Michel Strogoff (1926, V. Tourjansky), les firmes américaines se lancent toutes dans des productions 'russes' pour exploiter le filon. Universal et son patron Carl Laemmle font de même. En voyant ce film de Sloman, il est évident que Mosjoukine n'a plus du tout la marge de manoeuvre qu'il avait dans les films français. Il ne doit pas avoir son mot à dire ni sur le metteur en scène et encore moins sur le scénario. Nous sommes dans le règne du star-système et tout est fait pour mettre en valeur la star maison, Mary Philbin. Le chef opérateur Gilbert Warrenton la mimbe de lumières diffuses et éclaire sa chevelure avec sensualité. Mosjoukine devient un faire-valoir de luxe pour la belle Mary. Mais, au-delà cet aspect, le film offre une très belle cinématographie, utilisant habilement la lumière naturelle combinée à des éclairages artificiels. 
Le rabbin Lyon (Nigel de Brulier)
Edward Sloman se faisait une spécialité des films qui exploraient la vie des populations juives, aussi bien immigrés en Amérique que celle des shtetls d'Europe de l'Est, comme dans ce film. Et sa reconstitution est réellement une réussite. Il nous montre la vie de tous les jours des habitants juifs peu avant l'invasion russe. Une vie qui suit strictement les préceptes de la religion avec un dîner du sabbat décrit en détail. Les seuls autres films de cette époque que je connaisse qui décrivent cette région avec autant de détails sont  La terre promise (1924, Henry Roussell) et Die Gezeichneten (1922, C.T. Dreyer). Certes l'histoire de Lea Lyon est relativement stéréotypée. On supplie la pure jeune fille de se sacrifier pour la communauté. Le prince décide finalement de l'épargner, étant tombé amoureux d'elle. Mais, ensuite, elle est prise à partie par la foule déchaînée qui l'accuse d'avoir trahi son peuple dans les bras d'un prince cosaque. Tout cela est cependant bien mené par Sloman qui bénéficie également du concours du futur réalisateur Edward L. Cahn au montage. Le film se termine sur un happy end fort peu convaincant qui semble avoir été imposé par la production. Pour la qualité de sa reconstitution et la beauté des images, ce film mérite d'être vu, même s'il ne fait pas partie des meilleurs films de Mosjoukine.

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