lundi 6 mai 2013

Anna Christie 1923

Un film de John Griffith Wray avec Blanche Sweet, George F. Marion, William Russell et Eugenie Besserer

Anna Christie (B. Sweet) se rend à New York pour retrouver son vieux père Chris Christopherson (G. F. Marion) qu'elle n'a pas revu depuis quinze ans...

La pièce d'Eugene O'Neill, créée en 1921 à Broadway, a intéressé le cinéma immédiatement avec cette première version produite par Thomas H. Ince. Au centre du film brille la superbe Blanche Sweet, une des actrices fétiches de D.W. Griffith. Comme Lillian Gish, son physique fragile cache une volonté de fer et des nerfs d'acier. Contrairement à la version parlante (ou plutôt aux versions parlantes) réalisée en 1930, le film muet est plus fluide, n'ayant aucune des contraintes liées aux micros vissés au sol et aux caméras enfermées dans des caissons insonorisés. Le film débute donc en Suède où la petite Anna vit avec sa mère dans l'espoir du retour de son père marin toujours parti au bout du monde. Son émigration aux Etats-Unis avec sa mère ne sera pas le rêve de bonheur escompté, bien au contraire. Le film se permet plusieurs excursions en extérieurs qui donnent au film une respiration qui manque à la version de 1930. Parmi les acteurs, on reconnaît George F. Marion qui avait créé le rôle de Chris Christopherson au théâtre et qui le reprendra encore avec Greta Garbo. D'ailleurs, il est étonnant de voir à quel point les décors et les angles de prise de vue sont similaires, particulièrement dans la scène du bar au début du film comme si le cinéma n'arrivait à pas s'affranchir de l'oeuvre originale. Le film est dominé par la caractérisation de Blanche Sweet qui donne tout son relief à l'héroïne d'O'Neill. Fille abandonnée à une famille de cousin fermier qui l'exploite, elle se retrouve seule, sans un sou et devient prostituée. Le retour vers son père va la ramener à la vie avec en même temps la découverte de l'amour avec le grand Matt Burke (William Russell). Le film est viril et violent, bien plus que la version de Clarence Brown. Certes, John Griffith Wray est sans surprise dans sa direction, mais l'oeuvre est bien rythmée et bien jouée. Un des meilleurs films de Blanche Sweet qui mériterait d'être mieux connu.

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