dimanche 23 mars 2014

La Dame de Monsoreau 1913

Bussy (H. Bosc) quitte Méridor (alias Chenonceau)
Un film de Charles Krauss ? ou Victorin Jasset ? ou Emile Chautard ? 
avec Marie-Louise Derval, Henri Bosc, Paul Guidé, Victor Perny, Léonce Cargue et Emile Garandet

La belle Diane de Méridor (M.L. Derval) est convoitée par le Duc d'Anjou (L. Cargue) et doit accepter la protection du Comte de Monsoreau (Jean Dulac) qu'elle abomine. Un jour, elle sauve le Comte de Bussy (H. Bosc) blessé dans un duel, en faisant venir un médecin...

Chicot (V. Perny) fait boire Gorenflot (E. Garandet)
Le célèbre roman d'Alexandre Dumas a été adapté plus d'une fois au cinéma et à la télévision. Cette première version produite par la société Eclair sortie en novembre 1913 présente un intérêt certain. Tout d'abord, les films produits par cette firme ont presque tous disparus et la restauration d'une de leurs grandes productions est vraiment un événement à saluer. Il reste un sérieux problème pour l'indentification du metteur en scène de ce film. Cette production de la branche ACAD (Association cinématographique des auteurs dramatiques) a dans le passé été attribué à Maurice Tourneur, par le peu fiable Jean Mitry. En fait, les quelques sources que l'on possède montre qu'il n'en est rien. Emile Garandet, qui joue Gorenflot, indique que le film aurait été réalisé par Victorin Jasset. Et Paul Guidé, qui joue Henri III, donne Charles Krauss comme réalisateur. Il n'est pas impossible que le film ait été commencé par Jasset et suite à son décès en juin 1913, qu'il ait été repris par Charles Krauss. Quant à l'attribution à Emile Chautard qui réalisait les grandes adaptations littéraires de l'ACAD, elle reste également possible sans qu'on puisse l'affirmer à 100%.
Henri III (Paul Guidé) et sa cour
 En tout état de cause, c'est un plaisir de découvrir cette version de mon roman préféré d'Alexandre Dumas. Eclair n'a pas lésiné sur les moyens, entre les costumes somptueux, le tournage en extérieurs au château de Chenonceau et le choix des acteurs issus des grands théâtres parisiens. En seulement 60 min, l'intrigue complexe du roman est résumée à grands traits sans éliminer pourtant les personnages et les intrigues secondaires. Le résultat donne un film qui avance sur les chapeaux de roue, mais qui est nettement plus satisfaisant que la version languissante réalisée par René Le Somptier en 1923. Les films Eclair offrent un découpage nettement plus dynamique que les films Pathé de la même époque. Ce film contient d'ailleurs nombres de plans américains, qui étaient fort rares chez leur concurrent. Il y a une excellente qualité de la photo avec une composition et une lumière directionnelle élaborées.
Diane (M.L. Derval) retrouve son père amené par Bussy
Et on peut l'apprécier malgré les nombreuses traces de décomposition. Les acteurs sont parfois un peu théâtraux, mais évitent l'outrance. C'est surtout par sa pure beauté plastique que le film régale les yeux. D'ailleurs, lorsque le film fut distribué aux Etats-Unis en mai 1914, il reçut les louanges de la presse professionnelle qui "nota la beauté exceptionnelle des paysages et la magnificence des intérieurs." Le seul bémol dans mon appréciation du film vient de la fin heureuse qui a été élaborée pour épargner au public la mort du héros et qui, sans nul doute, fut adorée par le public américain, mais qui ne correspond pas du tout aux intentions de Dumas qui avait conçu un drame romantique dans les règles de l'art. Même si je préfère toujours le merveilleux feuilleton de 1971 réalisé pour l'ORTF, ce film Eclair reste un régal pour les yeux. Vous pouvez découvrir le film sur le site des Archives Françaises du Film en cliquant ici.

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