jeudi 28 décembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (X)

Nouvelle critique dans Le Figaro du 28 décembre 2017:

vendredi 22 décembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (IX)

Nouvelle critique publiée dans L'Obs du 21 décembre 2017:
Et dans Jeune Cinéma N°384 en décembre 2017:

mercredi 13 décembre 2017

Continental films - Cinéma français sous contrôle allemand (VIII)


De nombreuses nouvelles critiques de mon livre ont été diffusées et publiées récemment. Philippe Meyer l'a chroniqué dans son émission Le Nouvel Esprit Public le 17 novembre dernier:
Je vais recommander la lecture d’un livre publié par une vaillante petite maison d’édition cinéphile – pas seulement cinéphile – mais très cinéphile, ce sont les éditions de la Tour Verte. Le livre est signé de Christine Leteux et il s’intitule Continental Films et c’est donc un livre d’histoire sur cette firme allemande dirigée par Alfred Greven, installée à Paris et qui a eu un rôle déterminant dans la production cinématographique pendant l’Occupation, qui entre autres a fait travailler des gens comme Le Chanois, comme Richard Pottier, comme Henri-Georges Clouzot et un certain nombre d’autres comme Maurice Tourneur. Et c’est autour de cette Continental Films que Christine Leteux fait une enquête méthodique qui permet de savoir qui a vraiment fait quoi et comment à l’intérieur de cette firme allemande. Il y a eu d’un côté une volonté hégémonique allemande, mais de l’autre côté, énormément de petites initiatives qui ont fait en sorte que cet endroit soit un endroit où l’on fasse essentiellement des films et surtout pas de la propagande. Alors, Christine Leteux ne dissimule ni qu’il y avait des salauds, ni qu’il y avait des profiteurs, ni qu’il y avait des imbéciles, ni qu’il avait des gogos… et qu’il y avait peu de juifs. Quoique Le Chanois ! Et aussi la manière dont un certain nombre d’entre eux ont été protégés par ceux qui étaient employés par la Continental. Et aussi, elle examine un certain nombre de dossiers qui ont été jugés sans qu’il y ait eu d’instruction ni à charge et ni à décharge, ou plus exactement, seulement à charge, notamment l’histoire du fameux voyage des huit à Berlin, sept comédiens (sic) [Erreur : Six comédiens et un scénariste] et un journaliste. Et en réalité, on s’aperçoit que par exemple Danielle Darrieux n’y est allée que parce qu’elle a obtenu en échange d’aller voir son fiancé qui était dans un camp d’internement, que tel autre n’y est allé que parce qu’on lui avait dit que si il n’y allait pas on allait ressortir le livre anti-nazi qu’il avait publié avant la guerre et qu’il allait faire autre chose que du cinéma, etc. etc. Le seul qui était un collaborateur enthousiaste c’était le journaliste qui les accompagnait et tous les autres y sont allés en marche arrière. Et c’est très intéressant… sauf peut-être Suzy Delair, qui va avoir 100 ans bientôt. On se demande aussi si c’est pas parce que elle avait quand même « ein Vogel in seinem Kopf » comme diraient les Allemands, en tous cas un pois chiche à l’intérieur du crâne, quelle que soit ses qualités d’actrice que l’ont a pu admirer de nouveau dans la rediffusion de Quai des orfèvres, la version restaurée, par Arte qui était vraiment une splendeur.

Frédérique Le Teurnier l'a également chroniqué sur France Bleu le 12 décembre 2017:
Le premier ouvrage c’est un bijou. Il se lit comme un roman. Il s’appelle Continental Films – Cinéma français sous contrôle allemand. Et dans ce livre, on se remet dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Nous sommes à Paris à l’octobre de 1940 et c’est dans une capitale occupée qu’Alfred Greven un producteur allemand crée donc une société de production cinéma où il va enrôler de grandes vedettes, Danielle Darrieux, Fernandel, Raimu, puis des réalisateurs de renom, Marcel Carné ou encore Henri-Georges Clouzot pour ne citer qu’eux. Et cette société elle va faire naître une trentaine de films dont certains chefs d’œuvre comme Le Corbeau. Et pour la première fois, en fait, cette histoire nous est racontée de l’intérieur grâce aux archives aussi bien françaises qu’allemandes. On pourrait comparer ça à une enquête passionnante dans une période pour le moins troublée. Bertrand Tavernier, qui a fait la préface nous dit que cela fait des années qu’il attendait un tel livre... Parce qu’il y avait de nombreuses zones d’ombre, vous vous en doutez, tout simplement et qu’ici tout est relaté sans jugement. Et aussi parce que le regard de l’auteure, Christine Leteux, est précis, mais humaniste également. En fait, on se rend compte que certains ont travaillé dans une firme allemande, mais ils ont pourtant réussi à faire de la résistance alors que d’autres, il faut bien avouer, étaient plus fourbes. Et surtout tous les angles de cette période sont traités. On y trouve des paroles de techniciens, de scénaristes, d’acteurs, de réalisateurs, mais des aspects financiers et politiques sont également traités. C’est ce qui fait tout le mérite de ce livre. Franchement au départ, c’est tout juste si j’ai pas soupiré en disant : « Oh la la ! ça va être un peu une lecture ardue quand même… » En fait pas du tout, ça se lit comme on regarderait un film de cinéma. C’est un long métrage de 400 pages pour reprendre une jolie formule d’Alain Guédé au Canard Enchaîné. Ca tombe plutôt bien me direz-vous, un long métrage pour ce livre, tout n’était pas tout noir ou tout blanc, le cinéma était passé en zone grise. On s’en rend compte. 
Il y a également une critique signée "Julien" sur le Blog de la Librairie Mollat de Bordeaux: cliquez ici. et sur Critiques Libres: cliquez là.

Autres critiques parues dans Positif de décembre 2017:

Et dans La Gazette de Monaco de décembre 2017:

mercredi 29 novembre 2017

Rencontre-dédicace chez Joseph Gibert le 16 décembre 2017

Je serai chez Joseph Gibert au 26 Bd St Michel (Paris 6e) pour une rencontre-dédicace le samedi 16 décembre de 17h à 19h. Elle aura lieu à l'espace-rencontres au 1er étage du magasin, rayon beaux-arts. 

vendredi 24 novembre 2017

Le Corbeau le 20 décembre 2017 à la Cinémathèque de Toulouse

Je serai à Toulouse le mercredi 20 décembre pour présenter Le Corbeau (1943) d'H.-G. Clouzot à la Cinémathèque de Toulouse à 19h00. Cette séance sera précédée d'une rencontre avec les lecteurs à la Librairie Ombres Blanches à 16h30.

mercredi 22 novembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (VII)

Une nouvelle critique sous la plume de Philippe Meyer dans La Semaine Juridique du 20 novembre 2017:


mardi 14 novembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (VI)

Critique publiée dans Télérama du 15 novembre 2017:

Le superbe livre de Christine Leteux (Continental Films, Cinéma français sous contrôle allemand, éd. La Tour Verte) remet les pendules à l’heure. Certes, Greven est un allemand raffiné, qui accroche, chaque jour, telle une provocation, son manteau et son chapeau au buste de Hitler dans son bureau, mais il sait aussi se montrer implacable. Harceler Edwige Feuillère qui refuse de travailler pour la Continental après que la firme a racheté son contrat. Forcer Danielle Darrieux à prendre, avec d’autres vedettes, un train pour Berlin, en 1942, pour la première allemande de Premier Rendez-vous.
Le récit se lit comme un roman d’aventures tragiques. Il fait le point sur ce fameux voyage à Berlin en différenciant les acteurs ravis d’en faire partie (Suzy Delair se plaint de ne pas avoir été présentée à Goebbels) et ceux qui y assistent contrains et forcés. Christine Leteux est la seule à avoir réussi à consulter toutes les archives françaises et allemandes sur le sujet, ce lui a permis d’éclaircir des cas très douloureux, comme celui d’Harry Baur.
Il est l’un des comédiens les plus populaires de l’époque : on l’a vu dans Les Misérables, Mollenard, Un Carnet de bal, Volpone, L’Assassinat du Père Noël. C’est dire la stupéfaction des Français lorsqu’ils apprennent que leur vedette adorée a accepté de tourner, en Allemagne, Symphonie eines Lebens. En fait le comédien, dont la femme est juive, a tenté mille prétextes pour refuser. Son état de santé : mais les autorités lui ont promis la présence d’un médecin 24 heures sur 24. Sa méconnaissance de la langue allemande : mais un coach la lui apprendra à vitesse grand V… De retour à Paris après deux séjours éprouvants en Allemagne, Harry Baur et sa femme sont arrêtés, sur la dénonciation d’un ami d’enfance du comédien. Devenu un antisémite forcené, il avait même reproché à un journal d’avoir publié sur la même page la photo de son ex-camarade, un « enjuivé, sale, taré, lâche » et celle d’un être « aussi beau, aussi moral que le Führer ». L’acteur est enfermé dans la prison du Cherche-Midi. A l’un de ses tortionnaires qui s’étonne de le voir se lever alors qu’il s’apprête à le rouer de coups, Harry Baur dit « Ce sera moins lâche, pour vous, de frapper un homme debout. » Il meurt en avril 1943. Un médecin, venu le voir avant son décès, constate qu’il « avait été brutalisé, rossé et frappé avec une violence extrême ».
Le livre s’attache à démêler les responsabilités de chacun. Ceux qui se ruaient sur Alfred Greven avant même qu’ils ne les sollicite (Fernandel, Tino Rossi). Ceux qui travaillaient pour la Continental mais luttaient pour leur indépendance (le cinéaste Henri Decoin). Et ceux qui, au mépris de tout danger, refusaient la moindre proposition (les comédiens Paul Meurisse et Pierre Blanchar). Parmi les comportements les plus détestables, Christine Leteux insiste sur celui de Léo Joannon, réalisateur de second ordre, auteur, avant la guerre, de comédies pas inoubliables : Bibi-la-Purée et Vous n’avez rien à déclarer ? Le scénariste Henri Jeanson l’appelait « la mouche du Boche ». Pour réaliser Caprices, en 1941, Joannon va se livrer à des magouilles ignobles. Il fait signer des contrats antidatés aux vrais auteurs du scénario : Jacques Companeez et Raymond Bernard, interdits de travail parce que juifs, pour s’approprier leur œuvre. Il refuse de les payer, comme il l’avait promis, une fois qu’il est sorti d’affaire. Et lorsque l’un d’eux – Raymond Bernard, se rebiffe et ose l’attaquer en procès, il menace de le dénoncer aux autorités… Le film ne vaut que pour une scène formidable : dans un restaurant huppé, Danielle Darrieux et Albert Préjean créent la panique, à propos d’un lustre gigantesque qui pourrait tomber… On ne peut s’empêcher, aujourd’hui, de mesurer ce que cette fantaisie cachait de lâchetés et d’ignominies. Pierre Murat

jeudi 9 novembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (V)

Première critique de mon ouvrage dans Le Canard Enchaîné du 8 novembre 2017:

mardi 24 octobre 2017

Les Inconnus dans la maison le 18 novembre 2017 à la Cinémathèque française

Samedi 18 novembre à 20h30 à la Cinémathèque française
Auparavant, à partir de 19h30, il y aura une rencontre informelle avec les lecteurs
à la librairie de la Cinémathèque en relation avec mon ouvrage sur la Continental Films. A bientôt!


lundi 23 octobre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (IV)

Nouvelle critique sur le Blog Sniff and Puff de Tom Peeping:
Qui s’intéresse à l‘Occupation et au cinéma français sait que la période 1940-1944 fut marquée, en France et pour l’industrie cinématographique, par la puissance d’une société de production française à capitaux allemands : Continental Films. A l’évocation de son nom, des titres, des personnalités et des événements liés à son histoire viennent à l’esprit : "Le Corbeau", "L’Assassinat du Père Noël",  "Premier Rendez-vous",  "La Symphonie Fantastique", "La Vie de Plaisir", Henri Decoin, Henri-Georges Clouzot, Maurice Tourneur, Danielle Darrieux, Harry Baur, Fernandel, Pierre Fresnay, le voyage à Berlin, l’affaire du Corbeau… Et en filigrane, un homme d’affaires dont le nom n’apparaît sur aucun générique mais qui dirigea le météorique destin de cette société de production pas comme les autres : Alfred Greven.Ces titres, ces noms et ces événements ont créé une sorte de mémoire collective de l’historien et du cinéphile qui reposait jusqu’à maintenant sur un panaché de faits avérés, de documents et de témoignages irréfutables mais aussi de réalités transformées et de fantasmes pris pour argent comptant et répétés jusqu’à devenir canoniques.Le nouveau livre de Christine Leteux, « Continental Films. Cinéma français sous contrôle allemand », est une addition essentielle au très bref corpus d’ouvrages qui ont été consacrés à la Continental entre les années 1980 et aujourd’hui. Voici pourquoi.Christine Leteux est historienne du cinéma mais aussi docteur en sciences : sa méthode, issue de sa formation, est celle de la recherche fondamentale et de l’étude objective des données disponibles. Pour son travail sur la Continental, elle a voulu tout remettre à plat et revenir aux sources originelles sur le sujet. En n’oubliant pas, mais en mettant de côté pour réexamen, les données vraies ou fausses mécaniquement répétées depuis des décennies. L’ouverture des Archives de l’Occupation et de l’Epuration en décembre 2015 lui a permis la réalisation de son projet de réévaluation : pour la première fois, la consultation des dossiers d’époque conservés aux Archives Nationales pouvaient lui donner une image précise et objective des parcours des personnes ayant eu des liens avec la Continental entre 1940 et 1944, de sa création à sa fin. Leurs dépositions auprès des Comités d’Epuration et les pièces conservées de leurs dossiers nominatifs individuels furent la matière première de cette réécriture rendue possible par l’accès aux sources premières.
Le livre est une mine d’informations et de révélations qui retrace l’histoire de la Continental à travers celle de son administration et de ses talents créatifs associés. Grâce aux témoignages retrouvés des grandes et des petites mains de la société, la Continental réapparait sous un jour quelque peu différent de ce que la mémoire collective en avait gardé. Une société française à capitaux allemands, administrée à Paris et surveillée de loin par Berlin, qui produisit trente films qu’on peut répartir en trois parts égales : dix chefs-d’œuvre, dix bons films et dix navets. La Continental fut aussi le terrain professionnel temporaire de metteurs en scène, d’acteurs, de scénaristes et de techniciens de très grand talent dont la grande majorité n’avait pas envie d’y travailler mais qui devait gagner sa vie et sauver sa peau lors de la période la plus difficile et complexe de l’histoire récente de la France. A travers les quatre années d'existence de cette société de production née d'une conjoncture hors-norme, ce sont aussi les quatre années d'Occupation du pays avec ses dangers, ses saloperies et ses héroïsmes qu'on retrouve en toile de fond. La lecture du livre apporte des informations nouvelles, parfois amusantes, souvent tragiques, mais toujours étonnantes sur des épisodes connus ou cachés du cinéma français sous l’Occupation.  On sait enfin le respect professionnel réciproque qu’entretenaient Greven et Clouzot, les tentatives de Danielle Darrieux d’échapper à son contrat, les coulisses du regrettable voyage à Berlin, les terribles conditions de la détention et de la mort d’Harry Baur, les manoeuvres ignobles qui ont conduit Léo Joannon à diriger le film « Caprices »,  le comportement courageusement risqué d’André Cayatte, l’intérêt lointain que Goebbels avait pour les films de la Continental, le fait surprenant que des juifs y travaillaient salariés, la légende noire de la fuite de Mireille Balin... Et qu’Alfred Greven n’était pas ce « cinéphile avant tout » mais bien un businessman nazi qui avait perçu l’opportunité d’une activité à fort potentiel lucratif en territoire occupé.Et bien sûr, le livre étant de cinéma, les coulisses de la création de films Continental majeurs ou mineurs sont racontées par des détails jusque-là ignorés : "Le Dernier des Six", "Annette et la Dame Blanche", "Les Inconnus dans la Maison", "L'Assassin habite au 21", "La Main du Diable", "Pierre et Jean", "Cécile est morte !", "Les Caves du Majestic"...Les informations du livre, qui confirment, précisent ou réfutent celles qui circulaient depuis près de quarante ans (le début des premières publications sur la Continental) seraient à elles seules une raison sans appel de lire l’ouvrage. Mais il y a autre chose qui distingue le livre de Christine Leteux. « Continental Films » est rédigé dans une écriture et un style limpides qui évitent le piège du jargon universitaire pour une narration dynamique. L’histoire de la Continental y est racontée de l’intérieur par les dépositions des participants eux mêmes qui servent de socle à la construction narrative imaginée par l’auteur. « Continental Films » est un très solide livre d’histoire du cinéma qui se lit comme un roman, avec des personnages, des décors et des situations qui prennent vie sous nos yeux. Le style littéraire de Christine Leteux, qu’on avait déjà remarqué dans ses deux précédents livres de cinéma : « Albert Capellani » (La Tour Verte, 2013) et « Maurice Tourneur » (La Tour Verte, 2015), trouve ici un équilibre parfait entre le fond et la forme et fait de son livre, en plus d’un document incontournable, une lecture véritablement enthousiasmante.Bertrand Tavernier, qui connaît bien le sujet - La Continental est au coeur de son film "Laisser-passer" (2002) - ne s'y est pas trompé : il a écrit une formidable préface au livre de Christine Leteux. Un livre formidable.

vendredi 20 octobre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (III)


Premier retour sur mon ouvrage sur le Blog Arte d'Olivier Père:

Continental Films – cinéma français sous contrôle allemand de Christine Leteux (éditions La Tour verte) retrace l’histoire de la firme allemande créée en octobre 1940 par un producteur allemand, Alfred Greven, dans Paris occupé. Comme le souligne Bertrand Tavernier dans une préface enthousiaste, cet essai bouscule les préjugés, idées fausses et légendes nés autour de la Continental, et rétablit la vérité sur le fonctionnement de cette société et les motivations de ceux qui y travaillèrent, souvent contraints, parfois consentants, grâce à de nombreux témoignages et documents. Leteux fait revivre la période terrible de l’Occupation allemande et de la Collaboration, se livre à une véritable étude d’historienne. Ce livre riche en surprises, révélations et rectifications – notamment sur le voyage à Berlin de comédiens français en mars 1942, ou la mort de Harry Baur torturé par la Gestapo – permet de mieux comprendre l’envers du décor de la production cinématographique française entre 1940 et 1945, de lever le voile sur des décisions et des attitudes des principaux protagonistes du cinéma français sous l’Occupation, qui vont du courage à la pire crapulerie, entre les collaborateurs convaincus, les opportunistes sans scrupules, ceux qui durent accepter de travailler pour les Allemands victimes de pressions et de chantage et ceux dont la bêtise ou l’aveuglement paraissent toujours aussi inexcusables.
Un livre passionnant et indispensable.

vendredi 6 octobre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (II)

Mon ouvrage sur la Continental sort le 16 octobre prochain. Voici un petit extrait de la préface de Bertrand Tavernier:

"Cela faisait des années que j’attendais un tel livre, qui bouscule des croyances, des préjugés, décape certaines fables et fait émerger la face cachée d’un iceberg, tout un pan d’une Histoire dont on croyait connaître les grandes lignes. […] Il faut dire que Christine Leteux s’est plongée dans les archives, est allée consulter des tonnes de documents pour la plupart inédits et jamais cités, à commencer par ces archives allemandes, ces extraits non traduits du journal de Goebbels et surtout tous ces dossiers d’épuration, jamais ou si peu consultés à ma connaissance, qui fournissent une foultitude de renseignements précieux… […] Oui, je l’avoue, j’ai passé un moment extraordinaire, en parcourant ce livre que je n’ai pu lâcher, qui détruit tant de clichés, rend certains comportements plus humains, certaines motivations plus complexes."

Vous pouvez dès à présent le pré-commander chez l'éditeur, à la FNAC, sur Amazon ou chez votre libraire préféré.

dimanche 17 septembre 2017

Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand (I)

Mon ouvrage Continental Films - Cinéma français sous contrôle allemand, avec une préface de Bertrand Tavernier, sortira le 16 octobre au prix de 23 euros.
Vous pouvez le pré-commander sur le site de La Tour Verte.

Octobre 1940. Un producteur allemand, Alfred Greven, crée dans Paris occupé une société de production cinématographique, la Continental Films, où il enrôle les plus célèbres vedettes (Danielle Darrieux, Fernandel, Raimu, Harry Baur) et des cinéastes de renom (Marcel Carné, Maurice Tourneur, Henri Decoin, Henri-Georges Clouzot). Durant les quatre années d’Occupation, la Continental produit trente films, dont certains chefs d’œuvre, comme Les Inconnus dans la maison et Le Corbeau.
Pour la première fois, l’histoire de cette société de production, de son fondateur et de celles et ceux qui y ont travaillé est racontée de l’intérieur, grâce à des archives allemandes et françaises inédites. On verra sous un éclairage nouveau le climat délétère au sein de la Continental, le voyage des artistes à Berlin en mars 1942, ainsi que la mort mystérieuse d’Harry Baur.
Préface de Bertrand Tavernier.
Format : 12, 5 x 19, 5 cm. 400 pages, 16 pages de photographies, broché.
EAN : 9782917819425     Prix : 23 euros. 

dimanche 2 juillet 2017

Justin de Marseille au Cinéma St André des Arts le 10 juillet et le 7 août 2017

Maurice Tourneur en 1934 sur le tournage de Justin de Marseille
30 rue St André des Arts, 75006 Paris (M° St Michel ou Odéon)
lundi 10 juillet 2017 à 19h45
et lundi 7 août 2017 à 19H45

pour une projection de Justin de Marseille (1935) de Maurice Tourneur
qui sera suivie d'un débat.

jeudi 1 juin 2017

Fanchon The Cricket 1915

Fanchon le criquet

Un film de James Kirkwood avec Mary Pickford, Lottie Pickford, Jack Standing et Jack Pickford

Fanchon (M. Pickford) vit dans les bois avec sa grand-mère. La sauvageonne voudrait bien être acceptée par les jeunes du village. Mais, sa grand-mère est considérée comme une sorcière...

Cette adaptation de La Petite Fadette de George Sand donne à Mary Pickford un rôle de sauvageonne qu'elle affectionnait particulièrement. Si James Kirkwood n'est pas un grand réalisateur, il a avec lui un excellent opérateur en la personne d'Ed Wynard. Le film a été tourné pratiquement entièrement en extérieurs à Water Gap (Delaware) et permet à cet opérateur des prises de vue absolument magnifiques de sous-bois, lacs et rivières comme cette étonnante scène finale où Mary émerge d'un champ de seigle secoué par le vent. Le film repose entièrement sur les épaules de Mary qui fanfaronne, se bat avec des garçons et des filles et se jette à l'eau pour sauver son ami Landry. Avec un enthousiasme communicatif, elle construit un personnage particulièrement attachant qui ne supporte plus d'être isolée loin des autres. Le film permet aussi de voir ensemble Mary avec son frère Jack - qui fera une belle carrière d'acteur - et sa soeur Lottie, qui restera dans l'ombre. Mary se bat avec eux avec une belle frénésie. Il y a une jolie anecdote sur le tournage de ce film. Fred et Adèle Astaire séjournait dans le même hôtel à Water Gap que l'équipe du film. Ils purent ainsi assister au tournage de certaines séquences et cela suscita chez Fred le désir de faire un jour du cinéma. Fanchon the Cricket a été restauré en 4K par la Cinémathèque française et la Mary Pickford Foundation. La CF a projeté hier une version française de ce film. Il existe également une version anglaise conservée par la Fondation MP.

samedi 6 mai 2017

The Real Adventure 1922

Florence et King Vidor sur le plateau de The Real Adventure
Emancipée
Un film de King Vidor avec Florence Vidor, Clyde Fillmore et Philip Ryder

Rose Stanton (F. Vidor) rencontre par hasard Rodney Aldrich (C. Fillmore) dans un tramway. Rodney l'épouse peu après. Mais, pris par son métier d'avocat, il délaisse son épouse qui souhaite pouvoir s'épanouir elle aussi intellectuellement...

Durant les premières années de sa carrière, King Vidor produisait ses propres films avec comme actrice principale son épouse de l'époque, Florence Vidor. Très peu de ces films nous sont parvenus. The Real Adventure a été retrouvé à la Cinémathèque de Toulouse dans une copie malheureusement incomplète; il manque la deuxième bobine. Vidor avait dès ses débuts eu des préoccupations sociales comme le montre le magnifique The Other Half (1919), alors que dans celui-ci, il s'intéresse au sort de la femme au foyer. Florence Vidor est une superbe actrice de cinéma qui joue avec naturel et subtilité. De la jeune fille fière et décidée à l'épouse fatiguée de n'être qu'un faire-valoir de son mari, elle joue de son visage mobile sans jamais exagérer aucune expression. Il est fort dommage que la seconde bobine manquante de ce film contienne les scènes cruciales où elle réalise que sa vie maritale ne sera pas le lit de roses qu'elle avait envisagée. On la voyait sous une tempête de neige lors de leur lune de miel, puis éconduite sur le lieu de travail de son époux. Vidor travaille tout en finesse avec l'excellent opérateur George Barnes. Utilisant l'ellipse habilant, Vidor nous montre l'évolution de Rose qui décide de quitter son époux pour lui montrer qu'elle peut très bien gagner sa vie toute seule. Mais, malgré tout, le film n'est pas aussi prenant que l'était The Other Half. Et la fin est évidemment terriblement rétrograde: l'épouse rentre dans ses foyers après avoir expérimenté le rôle de femme émancipée car selon la morale de l'époque, elle ne peut s'accomplir sans un époux à ses côtés. La copie teintée incomplète est cependant de belle qualité, mettant en valeur la belle cinématographie de Barnes aussi bien dans les extérieurs qu'en studio. Une charmante curiosité.

dimanche 16 avril 2017

Maurice Tourneur dans "El País" du 15 avril 2017

La Main du diable (1943)

Suite au cycle de films de Maurice Tourneur à la Filmoteca de Catalunya de Barcelone, j'ai été interviewée par un journaliste d'El País qui a publié un excellent article sur la carrière de Maurice Tourneur. Vous pouvez le lire en ligne en espagnol. En voici la traduction :

Maurice Tourneur, cinéaste insoumis 
La Filmoteca propose un cycle dédié au réalisateur français, ignoré dans son propre pays 
La Filmoteca a prévu un cycle de 12 films de Maurice Tourneur (1876-1961) et l’a intitulé "un classique inconnu". Bien sûr, il l’est ici, mais aussi en France, où on ne lui a pas pardonné de ne pas avoir répondu à la mobilisation en 1914 et d’être resté aux Etats-Unis, évitant ainsi la Première Guerre mondiale. Tourneur était allé cette même année aux États-Unis pour travailler dans une filiale de la société Eclair. Bientôt, le succès de ses films dans ce pays lui a permis de réaliser et de produire ses propres films. Naturalisé américain, il a reçu l'admiration de ses collègues. Cependant, l’émergence des grands studios avec un système de travail où le réalisateur, perdant son autonomie, était un rouage sous contrôle ennuya Tourneur. En 1926, il quitta un tournage à la Metro n’acceptant pas la supervision par le producteur. Il se sentait épié. Et il est rentré en France. Mais dans son pays natal, on n'avait pas oublié qu'il était un déserteur.
 Christine Leteux a publié en France une biographie documentée du personnage et a été chargée de présenter le cycle de la Filmoteca. Pour Leteux, il y a une dernière image à propos de la notoriété française de son cinéaste. Les nécrologies dans la presse française étaient sans intérêt et mal informées. « Par contre, le New York Times a dit que son talent avait influencé le développement du cinéma. » De plus, à Los Angeles, il a son étoile sur le Walk of Fame. En fait, dans ses dernières années, il vivaient de traductions de romans policiers américains. Clarence Brown, qui avait été formé en tant que cinéaste grâce à Tourneur et était devenu un des réalisateurs préférés de Greta Garbo, lui envoya un chèque tous les mois jusqu'à sa mort. Et il arriva de Suisse pour assister à l'enterrement de son ami. Contrairement à Jacques, le fils de Maurice, qui avait été formé à côté de son père et qui, comme lui, travaillait maintenant aux Etats-Unis, ne se présenta pas à ses funérailles. La relation entre les deux était polie, mais distante étant donné que Jacques avait pris comme femme la maîtresse de Maurice. « Maurice suivait la carrière de son fils aux Etats-Unis en lisant la presse américaine», dit Leteux.
 En 1928, déjà installé en France, mais avec la presse rappelant son passé d’insoumis et anti-patriotique, il est expulsé de son pays. Leteux considère que dans cette campagne de certains de ses collègues, il y a un facteur non négligeable « de jalousie professionnelle ». Il va vivre une année à Berlin où il va tourner un film avec une jeune comédienne, Marlene Dietrich. Après 16 mois en Allemagne, il est autorisé à rentrer en France où il a le statut d’étranger expulsable qui doit renouveler son permis de séjour tous les trois mois. L’arrivée du cinéma parlant qui, pendant un certain temps, jusqu'à l'arrivée du doublage, freina l'importation de films, permet la résurrection de l'industrie locale où Tourneur aura sa part .
 Plus de complications 
L'invasion allemande de la France et la Seconde Guerre mondiale apportera de nouvelles complications pour Tourneur ; en tant que citoyen américain résidant en France, il est doublement suspect. Ses comptes en banque sont bloqués en 1941 et il doit se présenter chaque semaine aux autorités de son quartier. Bizarrement, à ce moment-là, il travaille pour la Continental, une société de production fondée par les Allemands en France. Comme Leteux l’explique, la Continental n’était pas un appareil de propagande allemande. Elle essaie d'être une société viable commercialement et de maintenir l'industrie cinématographique française en vie tout en bénéficiant à une Allemagne qui avait gagné la guerre. En fait, à la Continental on trouvait aussi bien des collaborateurs déclarés que d’autres professionels actifs dans la Résistance. Le film qui a ouvert le cycle de la Filmoteca (La Main du diable) a été tourné par Tourneur durant cette période.
 Pour Leteux, les films artistiques réalisés par Tourneur n'ont pas été reconnus. A l’époque muette, il rompt avec l'inertie du théâtre filmé (« Dans The Whip en 1917, il a filmé le déraillement d'un train »). Comme cinéaste, il s’est intéressé à la mise en scène, à l'éclairage et à la construction narrative et Leteux souligne que dans un film comme The Blue Bird (1918) « il y a une stylisation du décor qui anticipe l'expressionnisme introduit par Caligari en 1920. Dans le film, il y a beaucoup d'idées qui furent ensuite développées par les Allemands ».
 Certains documents consultés par Leteux pour écrire sa biographie sont issus d’archives françaises que les Allemands avaient emmenées à Berlin pendant l'occupation avant de terminer à Moscou après l'entrée des Soviétiques dans la capitale allemande. « Et il a fallu attendre la Glasnost de Gorbatchev, pour que les autorités françaises puissent revendiquer avec succès leur restitution. » En ce moment, elle travaille sur l'histoire singulière de la Continental.
 Tomàs Delclós

vendredi 24 mars 2017

Rétrospective Maurice Tourneur à Barcelone en Avril-Mai 2017


La Filmoteca de Catalunya (Cinémathèque de Catalogne) organise une rétrospective Maurice Tourneur à partir du 4 avril prochain. Je présenterai deux séances lors de cette rétrospective: 


Si vous êtes à Barcelone, ne manquez pas cette occasion de voir certains films rares de Tourneur! 
Ma biographie de Maurice Tourneur est toujours disponible chez La Tour Verte.

jeudi 23 mars 2017

Dinty 1920

Dinty (Wesley Barry) à droite
Un film de Marshall Neilan avec Wesley Barry, Colleen Moore, Noah Beery et Anna May Wong

Doreen O'Sullivan (C. Moore) quitte son Irlande natale pour San Francisco avec son fils pour y retrouver son époux. Mais, celui-ci est mort dans un accident et elle doit élever son fils seule. Dix ans plus tard, c'est Dinty (W. Barry) qui doit gagner leur vie car sa mère est malade de la tuberculose. Le gamin a fort à faire face aux autres vendeurs de journaux qui lui cherchent querelle...

En 1920, Marshall Neilan est le réalisateur préféré de Mary Pickford et il a conçu pour elle certains de ses plus beaux films comme Stella Maris (1918). Pour Dinty, il décide de faire une star d'un gamin de treize ans jusqu'ici acteur de complément, le petit Wesley Barry. Le gamin couvert de taches de rousseur rappelle le petit Robert Lynen avec son physique de petit moineau malingre et son bagou. Le reste de la distribution est étincelante avec une jeune Colleen Moore - avant qu'elle ne devienne la flappeur des années 20 -, Noah Beery en baron de la drogue de Chinatown et une toute jeune Anna May Wong dans le rôle de l'épouse de l'affreux Beery. Neilan n'hésite pas à réaliser un cocktail détonnant: mélodrame, humour et suspense en ne laissant pas une minute de répis au spectateur. Le début du film pourrait faire croire que nous allons voir un mélodrame social. La pauvre Colleen Moore habite dans un sous-sol avec son fils au petits soins, utilisant toutes sortes d'inventions bricolées pour la soulager comme ce ventilateur qui tourne grace à un robinet d'eau froide. On découvre aussi la dureté des rues de San Francisco où le petit Dinty doit constamment se défendre face à des concurrents qui n'hésitent pas utiliser la violence. Pourtant on ne sombre pas dans la noirceur. On voit le gamin organiser un spectacle avec ses copains pour sa mère où il danse et chante sous les éclairages magnifiques du grand opérateur Charles Rosher. Parallèlement, une intrigue secondaire suit les agissements du roi du trafic d'opium sous les traits (bridés) de Noah Beery qui offre comme toujours la quintescence de l'ignoble traître. La fin du film est haletante avec la police à la poursuite de Noah Beery avec des avions tandis qu'on recherche à Chinatown la fille du juge kidnappée par le même Beery. Le petit Wesley Barry est adorable, plein de charme et offre une performance pleine de naturel et d'humour. Il ne faut pas manquer ce charmant opus de Neilan (où John McDermott n'a réalisé que les séquences de 2ème équipe en Irlande contrairement à ce qu'indique le programme) qui repasse la semaine prochaine à la Fondation Pathé.

lundi 20 février 2017

Napoléon en DVD

Napoléon (1927) d'Abel Gance 

Une fois n'est pas coutume, je voudrais vous parler du coffret DVD publié par le BFI du chef d'oeuvre d'Abel Gance, Napoléon (1927) que les cinéphiles n'osaient plus espérer après des décennies d'attente. Et bien, il est maintenant vraiment là, disponible en 4 DVD (ou 3 Blu-ray) depuis le mois de novembre 2016 auprès du British Film Institute, amazon.co.uk, etc.

Bonaparte à Toulon (Albert Dieudonné)
Gance en 1925 lors du tournage en Corse*
Cette sortie est l'occasion de revisiter ce film magique qui n'était jusqu'ici disponible que dans des versions incomplètes ou des copies pirates issues des diffusions sur Channel 4 dans les années 1980. Autant dire que nous repartons de zéro avec cette magnifique restauration réalisée par Kevin Brownlow avec le British Film Institute qui dure 5h31, entièrement teintée et virée, et avec la superbe partition du compositeur Carl Davis. La restauration de ce film fut une épopée en elle-même comme me l'avait racontée Kevin Brownlow lors d'une interview en septembre 2008. Commencée à la fin des années 1960, elle avait été couronnée une première fois par une projection en novembre 1980 à Londres sous la direction de Carl Davis d'une copie de 4h50 qui souleva
Saint-Just (Abel Gance)
l'enthousiasme des spectateurs et cinéastes présents. C'est en 1981 qu'il fut présenté dans une version écourtée et accélérée (4h) au Radio City Music Hall de New York avec une autre musique signée Carmine Coppola sous les auspices de son fils Francis Ford Coppola. Dans les décennies qui suivirent, Kevin Brownlow continua son travail de dentellière pour améliorer sa restauration avec des séquences supplémentaires et des éléments de meilleure qualité. Ce travail au long cours se termina en 2000 avec une nouvelle restauration de 5h31 teintée et virée. A cause des problèmes de droit (Coppola Vs. BFI), cette version a été bloquée pendant 16 années avant d'être enfin numérisée pour faire un DVD. 
Triptyque final

On peut maintenant admirer l'excellente qualité de cette copie réalisée à partir d'éléments très divers et qui forme un tout parfaitement cohérent grâce à un étalonnage impeccable. En plus, le teintage numérique est superbe, réussissant même à recréer des teintages et virages complexes que plus personne ne sait faire chimiquement comme ce viré bleu-teinté rose pour figurer l'aube sur les Sanguinaires (voir ci-dessous).

Jules Kruger avec sa caméra lors du tournage à Briançon
des séquences de Brienne*
Avoir un DVD de ce film est aussi l'occasion de pouvoir l'explorer à l'envie et cela permet de passer du temps à redécouvrir des séquences excitantes ou émouvantes. Il faut le répéter ce film n'est pas une pièce de musée ni un pensum qui provoque l'ennui. Gance a conçu un film épique à hauteur de spectateur qui est parfaitement équilibré en action, suspense et même humour. Je l'avais déjà comparé à Alexandre Dumas pour sa manière romanesque de réécrire l'histoire de France en mêlant fiction et vérité. Il veut nous faire revivre la Révolution Française en utilisant des méthodes révolutionnaires, techniquement parlant. La caméra cesse d'être immobile sur un trépied. Le caméraman la transporte attachée sur sa poitrine. De multiples autres procédés sont inventés pour la déplacer sur une luge, un pendule, une bicyclette, etc. Chacune de ces prouesses techniques est au service du récit et ne cherche pas à être une simple prouesse sans objet. Ainsi, une caméra est fixée sur le dos d'un cheval lors de la fuite de Bonaparte à cheval
en Corse. D'ailleurs, je voudrais mentioner ici que la caméra embarquée à dos de cheval est une caméra Debrie modifiée par l'ingénieur Simon Feldman avec un moteur à air comprimé (comme il l'a dit à Brownlow lors d'une interview) et pas du tout l'Aéroscope Proszynski, une imposante caméra à air comprimé, comme je l'ai entendu plusieurs fois à des conférences à la Cinémathèque française. 
Gance dirige à coups de révolver en Corse*
Il faut aussi saluer la performance des acteurs que Gance a réussi à galvaniser en utilisant parfois des méthodes étranges. Armé d'un révolver, il dirige la famille Bonaparte en Corse lors de sa fuite (voir ci-contre). Mais, Gance est souvent plutôt dans la démonstration du rôle comme pour la scène des Trois Dieux où il mime à Danton (Alexandre Koubitsky) ce qu'il doit faire. Ces formidables scènes de tournage sont visibles dans le documentaire de Kevin Brownlow, Abel Gance - The Charm of Dynamite (1967) qui est offert en supplément sur le 4e disque.
A Billancourt, Gance dirige les Trois Dieux*
Grâce à la superbe qualité de l'image, on peut admirer les compositions de Gance que ce soit en extérieurs ou en studio et qui est encore plus sensible avec le teintage.
Préparation de la bataille à Toulon

Les Gendarmes à la poursuite de Bonaparte en Corse
A la Convention, l'ombre de Bonaparte sur la déclaration des
droits de l'homme et du citoyen
Sous la pluie battante à Toulon
Laetitia (Eugénie Buffet) à bord du Hasard
retrouve son fils
Bonaparte enfant à Brienne (Vladimir Roudenko)
L'un des éléments les plus importants de cette restauration outre la qualité de la copie est sans aucun doute la magnifique partition composée par Carl Davis. Davis l'a enregistrée dans des conditions optimales, comme pour un disque de musique classique, dans un studio dédié avec un des meilleurs orchestres londoniens, le Philharmonia Orchestra. Et le résultat est là: une dynamique, une richesse dans les détails et les couleurs juste époustouflante. Davis ne se contente pas de citer les grandes oeuvres de Beethoven ou Mozart. Il a travaillé avec de grands orchestrateurs comme Colin et David Matthews, qui sont eux aussi compositeurs. (Colin Matthews est également l'auteur d'une version reconstruite de la 10e symphonie de Mahler). C'est tout simplement le plus bel enregistrement musical pour un film muet que j'ai jamais entendu. De plus, Davis est l'un des rares compositeurs capables de suggérer les émotions intérieures des personnages au lieu de rester à la surface des choses. Il est également insurpassable pour les scènes de bataille qu'il sait orchestrer de façon à guider notre regard vers les moments importants, tout comme pour sa partition pour Intolerance (1916) de D.W. Griffith.
L'Armée d'Italie (à La Garde près de Toulon)
Et puis, il y a le triptyque final. Ce moment de cinéma unique qui évidemment est fait pour être vu sur grand écran. Cependant, la magie de cette séquence agit malgré tout sur mon petit écran de télévision. Les restaurateurs du BFI ont réussi à produire une image presque sans raccords entre les trois panneaux qui montre le travail incroyables des techniciens et opérateurs qui travaillaient avec Gance. Le Cinérama avant sa création. On termine le visionnage en chantonnant "Le Chant du départ" de Méhul. Un vrai bonheur.
La Cinémathèque française a dit qu'elle ferait sa propre restauration. Cela sera très difficile de surpasser ce DVD.

Vous pouvez lire sur ce blog l'interview de Kevin Brownlow à propos de Gance et celle de Carl Davis à propos de sa partition. Et je vous recommande la lecture de l'ouvrage de Kevin Brownlow, Napoleon, Le grand classique d'Abel Gance (Armand Colin, 2012) que j'ai traduit en français.

[Les captures d'écran suivies d'une étoile proviennent du documentaire The Charm of Dynamite.]

dimanche 19 février 2017

The Dangerous Coward 1924

Bob Trent (Fred Thomson)
Poing d'acier
Un film d'Albert Rogell avec Fred Thomson, Hazel Keener, Frank Hagney et Jim Corey

Bob Trent (F. Thomson) a renoncé au ring après avoir rendu infirme un concurrent The Weazel (J. Corey). Il s'est installé dans l'ouest comme cowboy. Amoureux de Mary McGinn (H. Keener), il a un sérieux rival avec Wildcat Rea (F. Hagney) qui convoite également Mary...

Dans les années 1920, Fred Thomson était un héros de westerns de série B qui était souvent au moins l'égal des série A. Acrobate, cascadeur émérite, Thomson jouissait d'une énorme popularité avec son cheval Silver King, une vedette à part entière. Je vous avais déjà parlé de Thundering Hoofs (1924) du même réalisateur Al Rogell qui combinait humour, cascades et suspense. The Dangerous Coward est tout aussi réjouissant avec Thomson en ancien boxeur qui refuse de reprendre les gants. Mêlant joyeusement combats de boxe, cascades à cheval et bagarre en voiture, Rogell réussit un film de 60 min sans temps morts. Le fringant Thomson est aussi à l'aise lorsqu'il fait la cour à la belle Mary que lorsqu'il escalade un toit pour échapper à ses poursuivants, ou lorsqu'il doit affronter un champion sur le ring. Ce héros du western est mort prématurément à l'âge de 38 ans du tétanos qu'il a contracté en marchant sur un clou rouillé. Il reste heureusement quelques films où on peut encore admirer cet acteur fort sympathique.